Le drapeau corse..a bandera

Parfois, se promener sur Internet réserve des moments de franche rigolade. Je suis tombé sur un article où j’apprends que le drapeau corse, a bandera, représenterait la tête d’un arabe décapité. C’est en tous cas, ce qu’a déclaré une obscure dame qui a lancé une pétition contre l’emblème. Pétition qui a eu peu de succès. Le problème c’est que des gens aussi fous qu’elle, se sont réjouis de l’idée. Comme quoi, la bêtise des uns répond à l’ignorance des autres.
Alors ce drapeau ? Il représente à n’en pas douter une tête de Maure. Donc, un musulman venu du Maghreb et de façon plus large, toute personne en Europe qui avait le teint foncé.
Et autre question, pourquoi cette tête de Maure. Quand il y a un doute, les légendes apparaissent et en effet, certaines parlent de la décapitation d’un musulman. Mais, les historiens contredisent ces théories. Ils observent que ce symbole a évolué dans le temps et qu’on le retrouve pour la première fois dans les armoiries du royaume d’Aragon dans l’actuelle Espagne. Le blason aragonais compte toujours quatre têtes de Maures. Et, il semble bien que ça fasse référence à la légendaire bataille d’Alcoraz, au XIe siècle, au cours de laquelle le roi Pedro a gagné la ville de Huesca. Il suffit de rappeler qu’en 1297 le pape Boniface VII donne la Sardaigne et la Corse au roi d’Aragon et que depuis cette période, les rois d’Espagne portent le titre de roi de Corse et de Sardaigne. Le drapeau corse arbore donc la tête de maure, emblème des rois d’Aragon.
Mais une autre tête de Maure apparaît en Corse en 1736 et pour la première fois, elle a les yeux bandés remarque Michel Vergé-Franceschi, historien spécialiste de l’histoire de la Corse. Cette image vient de Théodore de Neuhoff, gentilhomme de fortune d’origine allemande, seul roi à avoir régné sur la Corse. Son histoire mériterait bien un article. J’y penserai. Et cette tête fait référence au martyre de Saint-Maurice d’Agaune, noir égyptien ayant adopté la religion chrétienne, devenu le patron du saint empire romain germanique.
C’est Pascal Paoli, qui en 1762, ouvre les yeux du Maure en relevant son bandeau sur le front. Paoli, franc-maçon, considère que ce bandeau sur les yeux est un signe négatif. Il aveugle. Or, la nation Corse et ses habitants doivent voir clair et mettre un terme à l’obscurantisme. Les yeux ouverts ! On est loin de l’histoire du petit esclave maure qui sauve la vie de Vanina la femme de Sampiero Corso. Histoire qu’on retrouve dans le fameux et souvent inexact « guide de la Corse mystérieuse ».
Pour Michel Vergé-Franceschi, il n’y a donc pas de doute. La tête de Maure actuelle est bien celle de saint Maurice à qui on a retiré le bandeau des yeux et non celle d’un Sarrazin. Et aux racistes qui se réjouissent que ce soit la tête d’un arabe décapité (pauvre d’eux) et aux autres qui s’indignent, l’historien répond que c’est la tête d’un saint chrétien noir martyrisé par des païens qui étaient des Romains.
Mais, ce que disent les historiens, n’empêchera pas d’entendre des bêtises E longa a cumpania di quelli chi dicenu sciarabule..Elle est longue la compagnie de ceux qui disent des âneries.

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Scandola..pauvre balbuzard.

Balbuzard de Scandola

Il y a bien longtemps, j’avais une dizaine d’années, le temps était maussade sur le Filosorma. Et bien pire vers la mer, du côté de Galeria. Au-dessus du Fango, j’ai vu planer un grand oiseau blanc. Ma mère m’a dit que c’était un balbuzard qui remontait le fleuve pour chasser quand la tempête était trop forte sur le littoral. Elle disait « l’aigle marin » alors qu’une autre traduction est proposée dans les sites de référence. Mais peu importe.
C’est en décembre 1975 que la réserve de Scandola a été créée et, c’est donc quelques années plus tard que je me suis intéressé de nouveau au sujet de l’aigle pêcheur. J’ai le souvenir de l’opposition de certains à cette réserve. Les pêcheurs en particulier, n’appréciaient pas de se voir priver d’une partie de leur territoire. Et pour être franc, l’idée de permettre à des oiseaux de retrouver leur habitat, semblait inutile et même farfelue.
Les questions du début se sont vite évaporées. Les pêcheurs n’ont pas été privés de ressources. Bien au contraire, un espace protégé a permis une reproduction importante de poissons qu’ils pouvaient capturer en bordure de réserve. Et l’endroit (j’en ai parlé ici même), exceptionnel, est devenu un symbole éclatant de la beauté de l’île attirant de nombreux touristes et faisant naître une activité dédiée.
Hélas. De la fréquentation faible qui a suivi le classement jusqu’à nos jours, le nombre de visiteurs a explosé. Les chiffres font débat mais sans nul doute, ce sont plusieurs centaines de milliers de visiteurs qui vont dans la réserve classée en 2020 au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Comme la visite ne peut se faire qu’en bateau, l’offre a augmenté. Plusieurs dizaines de compagnies proposent la balade sans parler des plaisanciers en voilier ou en embarcations rigides avec un moteur. Or, la réserve est petite et cette fréquentation est concentrée sur trois mois. Peu de moyens, pas de suivi et une gestion par le Parc qui n’a pas été optimale. En 2018, le conservateur du site met les pieds dans le plat en mettant en cause les bateliers, relayé par les associations qui demandent une interdiction totale d’accès à Scandola.
Les politiques se sont emparés du dossier sans que les choses avancent. Du moins jusqu’en 2020 où la réserve est étendue sans que pour autant les problèmes le plus épineux soient réglés, à savoir la délimitation des zones de pêche, de mouillage, celles de quiétude autour des nids de balbuzards et surtout, l’épineux problème de la fréquentation touristique.
Aujourd’hui, c’est une opposition frontale qui apparaît. Les pêcheurs ne veulent pas d’une limitation de leur espace de travail. Et ce qui est étrange, c’est la réaction du président de l’office de l’environnement de la Corse. Il déclare que les nids étant vide, ça ne servira à rien de mettre la réserve « sous cloche ». Et bien sûr, il oublie de dire que c’est le dérangement nautique, omniprésent à l’aplomb des nids notamment en été » et qui « est une source importante de stress pour les oiseaux».
Le CESECC (Conseil économique, social, environnemental, culturel de la Corse) dans son avis 2024-27 fait part de son inquiétude en soulignant que « le balbuzard, espèce protégée et indicateur de la qualité de la biodiversité marine, connaît de manifestes problèmes de reproduction causés par le trafic maritime lié aux loisirs en mer, malgré les mesures de suivi effectuées par le PNRC et le Parc marin du Cap Corse et de l’Agriate … Cela met en lumière le besoin au sein de ces aires marines protégées d’une accentuation des contrôles du respect des arrêtés préfectoraux pris par la mise en oeuvre de zones de quiétude pour la protection des balbuzards ».

Sauf que ces arrêtés protègent de moins en moins de zones… La disparition définitive du balbuzard au sein de cette zone marine protégée semble programmée : une espèce endémique sacrifiée aux intérêts économiques d’un tourisme invasif.
Tout est dit. Il aurait suffi de trouver un équilibre. Tant pis pour le balbuzard qui ne vote pas.

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Les bandits corses.

Une chose est certaine. Il y a beaucoup de caricatures, de clichés, lorsqu’on parle de la Corse. Un livre ne suffirait pas à les recenser tous. Une en particulier perdure. Celle du fameux bandit d’honneur. Mérimée, il faut bien l’admettre, nous a fait du mal. Son goût du pittoresque a résumé la société insulaire à des femmes toujours en noir, avides de vengeance et à des bandits d’honneur bien entendu. Son talent, a transformé Colomba et Mateo Falcone en figures incontournables. Des références.
Comme toujours, la réalité est bien plus complexe. Le crime d’honneur relève le plus souvent de la vendetta. L’insulte qu’on ne supporte pas et qu’on lave dans le sang pour fuir ensuite dans le maquis, aidé par sa famille et son clan. On retrouve aussi ceux qui ont refusé la conscription. De braves gens qui n’ont fait que respecter des valeurs ancestrales. Cette vision romantique, nous la retrouvons dans les écrits de Paul Valery (d’origine corse par son père) qui dans une de ses nouvelles, affirme qu’ils « ..ne sont point des malfaiteurs, car jamais ils ne voleraient les voyageurs. ».
Une chose est certaine. La Corse était mal administrée. Que ce soit sous Gênes, dans l’après-indépendance, sous la Révolution ou au moment des conflits européens des 19ème et du 20ème siècles, la violence a augmenté dans l’île.
Pascal Paoli, conscient du problème, avait décrété la « Ghjustizia Paolina » avec pour ambition de mener la guerre aux brigands et à ceux qui pratiquaient la « vindetta ».
On peut être aussi certain d’une chose. Le départ au maquis commence toujours par un évènement sanglant. Poli, condamné pour désertion, tue ses gardiens. Romanetti est coupable, très jeune, d’agressions et de divers assassinats. Poli est un pur voyou, de ceux qu’on nommera les bandits percepteurs. Idem pour Bornea..sans parler de Spada qui était un fou furieux.
Le site « Corsica mea » consacre un article complet à ce sujet et donne, outre la biographie des plus connus, des chiffres assez effrayants. Entre 1683 et 1715, 28745 meurtres..Entre 1818 et 1852, 4.646 meurtres. La moyenne annuelle des homicides dans la première moitié du 19ème siècle est de 200.
Et n’en déplaise aux romantiques, aux journalistes avides de sensationnel et fascinés par le mythe du palais vert, les bandits étaient des brigands. Ils rackettaient les services de voyageurs, rançonnaient les habitants et cherchaient avant tout l’argent facile.
J’ai déjà eu l’occasion dans ce blog (ici) de raconter comment mon aïeul, celui qui a construit la première maison du village, a été nommé garde des eux et forêts pour avoir abattu deux malandrins qui en voulaient à sa vie. Ma mère me racontait aussi qu’une femme d’un certain âge, vivant dans un hameau voisin, et dont j’avais fait la connaissance, était la fille d’un bandit qui avait violé sa mère. L’honneur est assez loin dans toutes ces affaires.
Mais il est difficile de lutter contre le romanesque et cette séduisante affaire de bandit d’honneur continue à prospérer. Elle fait vendre du papier, des stylets fabriqués en Chine et reste hélas un triste symbole de nôtre île. Ah..triste conclusion au moment où j’écris ces lignes.. Avec « 18 homicides et 16 tentatives d’homicides » enregistrés en 2024, l’île se hisse « au premier rang national en la matière » au regard de ses 355.000 habitants a rappelé le Préfet et Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, a plaidé pour une « action de fond, politique, économique, sociale et culturelle » afin de contrer la mafia, dénonçant « les dérives d’une société gangrenée par l’argent facile et le trafic de drogue ».
En finir avec le culte du bandit et la violence.. « A Maffia No, A Vita Iè » (Non à la mafia, oui à la vie)

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Pulitichella.. « L’effet Alice »

Pour une fois, je vais parler politique. Mais attention, pour ne faire de peine à personne, nous allons parler d’une époque et de gens que seuls les plus anciens connaissent. Il était un fois ou presque..il y a eu en France, une élection présidentielle. Elle a vu la victoire de François Mitterrand avec comme conséquence l’inoubliable « au revoir » de Valery Giscard D’Estaing. Quel rapport avec le Filosorma ? Il y en a bien un. Et il a même valu à la commune, un article dans le Monde. Petit article mais tout de même !

Reprenons l’histoire. Il y avait dans les années 1970 et pour être plus précis, en 1977, une personnalité nationale qui était élue au conseil municipal de Manso. Il s’agissait d’Alice Saunier Seïté, universitaire de renom et secrétaire d’état aux universités. Elle n’était pas là par hasard puisque son époux Jérôme était originaire de la région. Né à Galeria, il en a été le maire avant de décéder de façon prématurée.
Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer une photo dénichée sur Internet. Elle a été prise le jour de l’élection municipale . Elle est pittoresque. On y voit donc une secrétaire d’état en joie accompagnée de compagnons heureux de sa victoire et manifestant leur joie avec quelques jolis pistolets. Deux au moins dont « Dassault » ont passé quelques temps à l’ombre aux frais de la République.

élection municipales à Mansu en 1977


Qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Certains parleront de folklore. Quant à moi, je dirais que ça ne me fait pas rire.

Faisons un saut de quelques années pour en arriver donc à 1981. Mme Seïté est toujours au au conseil municipal et au gouvernement. Elle est plus souvent à Paris qu’à Manso ce qu’on peut comprendre. VGE son champion, se représente. Premier tour des élections.. Et voilà ce qu’écrit, Jacques Dorlet journaliste au Monde le 05 mai
« ..La vraie surprise du 26 avril n’est pas, comme on l’a seriné, le médiocre résultat enregistré par le candidat communiste. L’événement se niche en Haute-Corse, près de Calvi, très exactement à Manso, village qui s’enorgueillit d’une adjointe au maire avantageusement connue par sa mal conduite de nos universités. On aura identifié Mme Saunier-Seïté. Cent six électrices et électeurs ont participé au vote. Que M. Mitterrand n’ait recueilli que douze voix, M. Marchais quatre et Mme Bouchardeau zéro, la gauche s’en console ailleurs. Si M. Giscard d’Estaing, avec dix-sept suffrages, précède M. Chirac, Mme le ministre s’en félicite.
Un candidat, cependant, dominant tous les autres, obtient à Manso trente-trois voix, réalisant ici très probablement son meilleur pourcentage national. Qui ? Mlle Ariette Laguiller !
Au nom de quelles mystérieuses et baudelairiennes correspondances ?..
« 
Plus de 30% des voix pour Arlette..un record national jamais égalé à ma connaissance et une macagna électorale de bon aloi. L’effet Arlette.
Nous étions quelques-uns à l’époque à penser qu’elle viendrait visiter les villages qui lui avaient manifesté leur passion. Hélas ! Nous ne l’avons jamais vue. L’ingratitude des animaux politiques n’est pas une légende.

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Un cadeau pour Noël…Hommage a « A Spalluzzera »

Internet, comme la langue d’Esope, peut être la meilleure comme la pire des choses. En me promenant sur YouTube, j’ai eu l’excellente surprise de retrouver les chansons d’un groupe corse que je connaissais bien. Il faut remonter aux années 1980. Il existait alors à Toulon, une association « Casa Corsa » où l’on pouvait apprendre le corse. Un des animateurs s’appelait Jean-Pierre Mattei. En plus d’une large culture, servie par une mémoire exceptionnelle (il connaissait par cœur toutes les fables de La Fontaine ou de Florian !), il animait un groupe musical. Ce groupe c’était « a spalluzzera ». Un bien beau mot qui a plusieurs sens..dispersion..éparpillement ou diaspora. Le grain qu’on jette au vent et les corses qui se dispersent. Et je ne dis pas ça pour leur faire plaisir, ce qu’ils faisaient était excellent. A l’époque, on enregistrait sur cassette et j’en ai acheté plusieurs car beaucoup, autour de moi, corses ou continentaux ; trouvaient leurs chansons excellentes. Bien sûr, j’ai perdu la cassette.
Et je ne pensais pas qu’un jour, j’aurais le plaisir d’entendre à nouveau « A spalluzzera ».
Quelqu’un a eu l’excellente idée de mettre leurs chansons sur YouTube et je vous les propose. Les textes sont, de mon point de vue, très bien faits. Et surtout, comme ce blog veut aider à l’apprentissage de la langue corse, ils sont pour la plupart, composés avec des mots simples, un phrasé clair, qui permet de comprendre.


Un cadeau pour moi et un cadeau pour vous.
Il vous fera plaisir, du moins je l’espère.
Bonnes fêtes à vous et à vos familles.

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La langue corse et sa mère, le latin

C’est un sujet passionnant que de s’intéresser à l’origine d’une langue et à son évolution. D’où elle vient et où elle va car si elle ne bouge pas, c’est qu’elle est morte.
Une chose est certaine. Les premiers habitants de la Corse n’ont pas attendu les romains pour parler entre eux. Dès 6 500 ans av. J.-C., la présence humaine est attestée en Corse par des découvertes archéologiques qui donnent beaucoup d’informations sur nos lointains ancêtres. Pour la langue, on ne sait pas grand-chose. Diodore de Sicile au 1er siècle av. J.-C., indique que les insulaires emploient « une langue étrange et difficile à comprendre ». Sénèque, écrivain romain cultivé exilé plusieurs années dans l’île au 1er siècle de notre ère, parle d’une langue influencée par le cantabre, le grec et le ligure
Il reste quelques vestiges de cet idiome disparu sans doute pré-indo-européen. On retrouve des traces dans les noms de lieux. KOR (Corsica) désigne un sommet ou une crête, KAL (Calasima, Calacuccia) au sens d’abri ou de maison. Et bien entendu, l’emblématique « ghjacaru » qui résiste au « cane » latin ou encore « a sapara » la grotte ou enfin « u tafone », le trou.
Les légions romaines ont débuté la conquête de la Corse, trois siècles avant JC. Mais il a fallu beaucoup de temps pour que l’île soit romanisée car les corses ont résisté longtemps à la colonisation en se repliant vers les montagnes. Si le latin s’est imposé très vite sur la plaine orientale, terre d’exploitation coloniale, il n’est devenu dominant que plus tard lorsque la conquête a été achevée. Et encore, les chercheurs estiment que d’un point de vue linguistique, il faut attendre l’époque médiévale et l’influence toscane pour que la langue corse se particularise.
De nombreux mots quasiment disparus de l’italien demeurent, comme avà ou avali (« maintenant ») ou nimu (« personne »). Ce qui m’a valu quelques regards interloqués à Rome ou à Florence lorsque je les ai utilisés sans parler de la fois où j’ai commandé « un pezzu chjucu di pizza » Ainsi, on peut dire qu’en Corse, on trouve à la fin du Moyen-Âge, une langue romane proche du toscan avec des formes particulières comme le « u » final en lieu et place du « o » avec des emprunts au génois (carrughju..la rue). A lingua corsa prend sa place avec ses particularités. Ensuite, langue vivante, elle a évolué dans sa prononciation et a fini par trouver sa transcription à l’écrit avec reproduction codifiée des triphtongues par exemple.
Mais elle reste très proche du latin. Pour avoir appris l’espagnol et l’italien, j’ai même tendance à penser qu’entre toutes ces langues, c’est elle qui s’en rapproche le plus. Il est d’ailleurs amusant de voir que nombre de mots ont été conservés tels quels. capra, vita, amicu, vitellu, cultellu, corpu, mare, vinu, tempu, petra.. ou légèrement modifiés, arburu pour arbor, cignale pour porcus singularis.. La liste est longue !
Bref, a l’instar de nombreux idiomes européens, la langue corse est fille du latin mais comme tous les enfants, elle a évolué et s’est émancipée. Et le plus important c’est qu’elle perdure et pour cela, une seule solution..qu’on en parle et qu’on le parle !
Quelques liens pour aller plus loin..

Langue corse, stratigraphie et variation diatopique

Les origines de la langue corse (Accademia Corsa di Nizza)

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L’église de Saint Pancrace

Il faut être honnête et reconnaître que l’église de Saint Pancrace n’a rien d’extraordinaire. Nous sommes loin des édifices religieux tels que l’église de San Tumasgiu de Pastoreccia à Castellu di Rustinu ou encore la très renommée Eglise San Michele à Muratu, vantée par Prosper Mérimée.

Elle n’a rien d’extraordinaire par son architecture, ni même par son intérieur où on retrouve la statuaire habituelle sans aucun intérêt artistique.

Mais, c’est l’église de Bardiana ! La mienne.  Et, ce qu’elle a et que les autres n’ont pas, c’est le cadre.

Modeste comme écrasée par la montagne si proche avec la forêt qui semble l’engloutir ou la protéger.

L'église de Saint Pancrace de Bardiana au printemps
Eglise de Saint Pancrace au printemps

C’est mon église et bien qu’indifférent aux choses qui touchent à la religion, je ne peux que ressentir une émotion bien particulière et une forme de spiritualité lorsque je m’en approche puisque, non loin d’elle, reposent celles et ceux que j’ai aimés.

Elle est récente puisque construite au début du XXème siècle par les habitants des hameaux de Bardiana et Montestremu. Si j’en crois les sources, le clocher fut construit bien plus tard, en 1957, par un maçon italien Anghjulu Begani, aidé par deux jeunes hommes du village, Mathieu Costa et François Santucci. La maisonnette située à côté de l’église servait autrefois à la fabrication des cierges. Cette utilisation est attestée par quelques vieilles photographies où on peut voir des habitants de la région reproduire cette activité.

Confection de cierges à Bardiana

Lors de la transhumance, les bergers venaient pour y faire bénir leurs troupeaux. Elle se situe en effet à l’entrée de la route forestière d’où démarrait la longue route vers le Niolu. A muntagnera.

Saint Pancrace qui serait mort en martyr par décapitation en 304 à l’âge de 14 ans fait partie des saints de glace et son nom signifie en grec ancien « le tout puissant ». Il est traditionnellement représenté sous des traits juvéniles et en habit de légionnaire, une épée dans une main et la branche de palme dans l’autre.

Il est reconnu comme patron des bergers et des bandits et dit-on, en son honneur, les bandits ne commettaient jamais aucun forfait le jour de son pèlerinage.
Autrefois, la statue du Saint était portée jusqu’à l’entrée du village de Bardiana, puis sur la route de la transhumance. C’était l’occasion d’une foire au cours de laquelle les commerçants de Balagne et de Calenzana notamment, ainsi que les bergers de la vallée venaient exposer et vendre leurs produits. Cette foire a repris mais je n’y ai jamais assisté car en Mai, je suis loin du village. Ma Mère, elle, ne voulait pas manquer cette fête et le début du mois de mai marquait le retour en Filosorma. C’était son église et d’où elle est maintenant, elle la voit et elle regarde la vallée. Paisible.

Saint Pancrace

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Bocca i Mori.. col des Maures..toponymie

Se rendre au col des Maures n’est pas bien compliqué. En passant par Vergio en tous cas. Parce que de l’autre côté, on arrive au pied de ce col en remontant à partir de Saltare jusqu’aux bergeries de la Uscella et c’est une paroi réservée aux alpinistes qui s’offre à vous. Donc l’appellation col est un tantinet excessive puisque le passage ne permet pas vraiment de passer d’une vallée à une autre. C’est une brèche étroite qui permet ensuite deux ascensions bien plus escarpées à savoir le Capu Tafunatu (article dans ce blog) et a Paglia Orba.
La randonnée jusqu’à a Bocca di i Mori se fait dans la journée. Le départ est situé dans le fameux virage du fer à cheval en dessous du col de Vergio en direction de Calacuccia. On peut aussi partir du col. Il suffit ensuite de remonter le GR en passant par les magnifiques bergeries des Radule, la vallée de Tula pour arriver enfin au refuge de Ciuttulu di i Mori. Un sentier bien marqué démarre derrière le refuge et remonte parmi les roches rouges pour atteindre le col des Maures en peu de temps. Cette randonnée, en aller-retour, c’est une quinzaine de kilomètres pour 700 mètres de dénivelé environ.


Mais ce qui m’intéresse dans cette affaire, c’est l’origine du nom de ce col.
Suivant la tradition orale, il proviendrait d’une bataille où auraient été exterminés, en ce lieu, des Sarrasins. Je m’autorise à en douter vu l’emplacement et l’éloignement avec la côte.
Des ouvrages plutôt récents ou très anciens, notamment la Chronique médiévale Corse de Giovanni Della Grossa peuvent ils nous éclairer ?
Il n’y a aucun doute sur le fait que l’île fût soumise de l’an 800 à l’an 1000 aux raids de féroces Sarrasins et que les Corses, chrétiens depuis des siècles (on y reviendra) , se réfugièrent par milliers à Rome et dans les états pontificaux. Ceux qui n’avaient pu rejoindre le continent, abandonnant les villages côtiers devenus trop dangereux pour s’installer sur les hauteurs, réclamaient l’aide de la chrétienté en résistant aux infidèles.
L’ouvrage de Della Grossa a été analysé par des historiens qui ont démontré que s’il contenait diverses erreurs (le personnage légendaire Ugo Colonna par exemple), il devait toutefois être regardé avec intérêt car il était la somme des idées de nombreuses générations de corses, idées transmises par tradition orale. Ces mêmes historiens reprenant les récits de libération de la Corse de l’occupation maure constatent toutefois que les chroniques locales ont exagéré l’importance de leur domination. Ils se réfèrent au plus autorisé des chroniqueurs arabes, Ibn-el-Athir (1160-1223) Celui-ci ne consacre qu’un seul chapitre à toutes les entreprises des musulmans, et il affirme que durant leur séjour, elle était administrée par le Rûm, c’est-à-dire l’élément italien. ” et concluent : “ il n’y eut jamais à proprement parler de domination sarrasine; si les Maures parvinrent à occuper certains points du littoral ou même à établir des campements dans la montagne, leur autorité ne laissa pas de traces. ”. Ainsi, la Corse n’est pas, pour les musulmans, un lieu de civilisation, c’est simplement une terre de raids et dépôts.
Mais alors si la Corse n’était pas conquise réellement par les sarrasins, contre qui les chevaliers chrétiens se sont-ils battus ?
En fait, il faut en revenir à la christianisation de la Corse. Elle ne fut ni uniforme ni rapide. La christianisation de la Corse a été tardive, au IV° siècle à partir de Mariana et Aleria. Selon Diunisu LUCIANI (A Corsica tempa lli sarragini livre paru en juillet 1998) les habitants de la Corse se répartissaient en trois catégories. Sur la côte orientale, dans le Nebbio, dans la région de Sagone et du Cap, ils sont romanisés et en grande partie christianisés. Dans les vallées proches de ces centres d’échanges et de culture romaine, comme la Casinca, ils sont déjà romanisés mais peu christianisés. Sur les hauteurs, comme le Niolo, ils ont peu de contact avec l’extérieur et ne sont pas christianisés.
Une question doit alors être résolue. Pourquoi, alors que la Corse n’est pas une terre musulmane, la toponymie rappelle si souvent le nom des Maures, principalement dans des parties de la Corse situées à l’intérieur (Niolo, Rustinu, Sartinese, Alta Rocca, Taravu, Cuscione mais aussi Balagna). Et pourquoi, les lieux désignés sont-ils principalement des monts et des cols. A bocca à i mori, a sarra di i mori, u ciottulu di i mori, a cima à i mori, u ponti murricioli et même a moresca, chanson de geste la plus présente dans la culture corse.
L’hypothèse la plus vraisemblable est que cette appellation de « Mori » doit s’entendre par “ Corses païens ”. La toponymie maure s’expliquant alors dans les montagnes corses comme des points de résistance des Corses païens à la reconquête effectuée par les armées chrétiennes envoyées par le Pape. Giovanni Della Grossa (exemples non exhaustifs) indique que certains des combattants sont des “ Maures de race chrétienne ” que L’Ile est “ pleine d’ennemis ” et les chevaliers sont “ assiégés ” et que les chevaliers sont présents pour lutter contre “ les infidèles ” et “ conquérir une terre qui avait appartenu à l’Eglise ”.
Bref, comme on a coutume de le dire, l’histoire appartient au vainqueur. Il était sans doute plus flatteur de présenter un épisode violent de christianisation forcée comme un épisode de victoire sur des infidèles sarrasins.

Documentation plus complète dans cet article de l’Accademia Corsa à consulter ici

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La bataille de Girulata

J’ai eu l’occasion ici même de vous proposer de faire la magnifique randonnée qui conduit à Girolata.


Il m’avait été rapporté qu’en ce lieu, une bataille navale s’était déroulée conduisant à la prise de Dragut l’amiral ottoman. J’étais intrigué par cette histoire mais je ne l’ai approfondie qu’il y a peu. Et ce n’est pas une légende.
Au milieu du 16ème siècle, Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain et le souverain ottoman, Soliman le Magnifique étaient en guerre.
Après une victoire dans l’Adriatique, le commandant de la Marine ottomane, Khayr ad-Din Barberousse avait envoyé des galères dirigées par Dragut faire des razzias sur la côte italienne. Il avait comme tâche d’attaquer la côte et de perturber le transport maritime espagnol. Dragut commença sa croisière avec la capture de cinq galères vénitiennes au large de l’île de Paxos près de Corfou.
En réponse à la menace ottomane, Andrea Doria, le grand-amiral de Charles V, rassembla une flotte de près de 80 galères dans le port de Messine pour éliminer les corsaires ottomans de la Méditerranée occidentale. Divisée en cinq escadres, ces galères patrouillaient dans différentes régions.
Giannetino Doria neveu de Andrea surveillait la Corse et la Sardaigne avec 21 de ces galères. Et c’est lui qui trouva la piste de Dragut. Celui-ci avait attaqué l’île de Capraia (au large de Bastia) et des pêcheurs qui avaient fui les ottomans prévinrent Doria que Dragut avait fait voile vers le Cap corse et, plus tard, après avoir ravagé le village de Lumiu, que son escadre était ancrée dans le golfe de Girolata
L’escadron ottoman y avait mis l’ancre pour faire le partage du butin du razzia récent. Dragut avait choisi cet endroit parce qu’il était désert, loin des routes habituelles de navigation. Tranquille ou imprudent, il n’avait posté aucun navire comme garde à l’entrée du golfe. Arrivant à proximité, Gianettino Doria envoya son parent Giorgio Doria dans le golfe avec 6 galères et une petite frégate, afin d’identifier les galères qui y étaient ancrées
Le combat fut engagé le 15 juin 1540. Les avis diffèrent sur son déroulement. Selon certains historiens, les marins et soldats ottomans étaient à terre, endormis sous les arbres ou prenant un repas, lorsque l’arrivée des galères chrétiennes les prirent par surprise. Selon de La Gravière, 600 ottomans fuirent vers les montagnes environnantes, avant même que la bataille ait vraiment commencé, et Dragut eut à peine eut le temps de s’embarquer et de faire feu une seule fois, avant que les génois et les espagnols soient montés à bord de ses navires. Dès les premiers coups de feu, beaucoup de ses hommes, turcs ou chrétiens renégats, avaient sauté à la mer pour s’échapper vers l’intérieur de l’île. Alberto Guglielmotti donne un compte rendu plus détaillé de la bataille avec des mouvements de Dragut qui engagea le combat en pensant être en supériorité numérique mais qui tomba sur les navires qui attendaient à l’extérieur du golfe. Un seul coup de canon endommagea tellement le navire amiral de Dragut que le combat cessa.
La flotte chrétienne captura les 11 galères ottomanes, fit prisonniers 1 200 ottomans et libéré 1 200 galériens chrétiens. Dragut fut parmi les prisonniers ottomans et réduit à ramer dans une galère. Libéré après versement d’une rançon par Barberousse il continua ses aventures s’en s’alliant avec le corsaire Euldj Ali pour constituer une gigantesque armada et prendre sa revanche. Mais, ceci est une autre histoire. Par contre, j’ai pu lire que les marins turcs s’étaient échappés (on ne disait pas au maquis à l’époque mais à la forêt, à la « selva) et que la population les aurait capturés, ramenant des oreilles et des nez, comme preuve de ces captures. Même si je suis un peu sceptique, est-ce qu’il ne faut pas voir là l’explication du nom « col des maures » « bocca di i mori »? Un peu loin de Girulata mais la peur donne des ailes. Alors pourquoi pas?

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L’arca

Il fut un temps où c’était un joli chemin bordé de murs en pierres sèches qui conduisait de Bardiana à la rivière. En ce temps là, il fallait descendre et remonter à pieds. Il semblerait que le goût de la marche ait disparu en même temps que le chemin puisque désormais, c’est en voiture ou en moto qu’on va au fleuve. Dommage.

Il fallait passer par une passerelle périlleuse faite de troncs roulants sur des poutres métalliques. Première frayeur. Et frayeur encore en passant devant la fosse commune où bien sûr l’occasion était parfaite pour évoquer squelettes, fantômes et revenants.

L’arca.

Il est facile de la trouver. Après la passerelle, sous les aulnes, il faut être attentif. Sur de gros rochers sur la droite en bordure du chemin, on distingue des blocs de pierre taillés. C’était les fondations de la chapelle de San Quilicu qui a donné son nom au trou d’eau tout proche qui est une des plus belles piscines naturelles du Fangu.

L’arca devait être un peu plus à droite dans le bouquet d’arbre.

L’arca c’était une tombe collective, sorte de chambre souterraine voutée à orifice étroit fermé par une dalle de pierre, accolée à l’église ou creusée sous celle-ci. Il se dit mais c’est sans doute une erreur que c’était une fosse commune dans laquelle on jetait les corps. Dire celà, c’est méconnaître le respect qui était dû aux défunts. Etre enterré dans l’arca, c’était être au plus près de l’église et d’une certaine façon continuer d’appartenir à la communauté pour l’éternité.

Si j’en crois ce que j’ai pu lire ici ou là, (site Poggiolo) la sépulture en arca n’était pas bien vue des autorités ecclésiastiques. Ainsi, dès le XVI° siècle, la constitution de Mgr SAULI, évêque d’Aleria, imposait d’ensevelir les morts dans les cimetières et non dans les églises, à moins d’avoir la permission de l’évêque. En 1776, un Edit Royal interdisait les sépultures dans les églises insulaires, et en 1789 un Décret de la Révolution ordonnait la création de cimetières, sans grand succès en Corse.

Il existe divers exemples dans le Sud notamment, où l’arca a encore servi pour ensevelir des victimes d’épidémie dans une période assez récente. Ainsi à Vico où furent enterrés les 40 habitants d’Arbori victimes du choléra en 1816. Dans une autre partie de la Corse, celle de Zevaco fut exceptionnellement réutilisée pendant l’épidémie de grippe espagnole, de mai 1918 à janvier 1919.

Je serais bien en peine de donner autant de repères chronologiques pour la chapelle de San Quilicu. Je n’ai pas de documentation qui traite du sujet. Le hameau de Bardiana, le plus proche, n’existait pas encore et la vallée n’était peuplée qu’en hiver par les bergers niolains et leurs familles. Il faut remonter jusqu’à Candela pour trouver trace des plus vieilles maisons. On peut penser que le Filosorma était une vallée plutôt déserte avec quelques bergeries dont on découvre ici ou là, les ruines. Je crois aussi que la chapelle de San Quilicu vu la taille de ses fondations, était plutôt un oratoire.

En définitive, l’histoire de l’arca est possible mais je n’y crois pas trop. D’autant qu’il existait dans la vallée, deux édifices religieux tout à fait importants. L’église donc…Santu Pietru di Chiumi, pieve de Chiumi, qui date de la fin du 10e siècle et le couvent de Sainte Marie fondé en 1230, le couvent de Santa Maria di a Stella.. Sainte Marie de l’Etoile.

A cet endroit, il y avait à l’évidence une arca. Mon arrière grand-oncle qui labourait dans le coin a vu son attelage s’enfoncer dans la terre. Il était sans doute tombé à tous les sens du terme dans l’arca. Toujours est-il qu’il avait formellement interdit à ses enfants de travailler la terre à cet endroit. Respect des morts.

Alors, peut être qu’il n’y a rien de spécial en descendant vers le pozzu de San Quilicu. Mais c’était bon d’avoir peur.

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