La bataille de Girulata

J’ai eu l’occasion ici même de vous proposer de faire la magnifique randonnée qui conduit à Girolata.


Il m’avait été rapporté qu’en ce lieu, une bataille navale s’était déroulée conduisant à la prise de Dragut l’amiral ottoman. J’étais intrigué par cette histoire mais je ne l’ai approfondie qu’il y a peu. Et ce n’est pas une légende.
Au milieu du 16ème siècle, Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain et le souverain ottoman, Soliman le Magnifique étaient en guerre.
Après une victoire dans l’Adriatique, le commandant de la Marine ottomane, Khayr ad-Din Barberousse avait envoyé des galères dirigées par Dragut faire des razzias sur la côte italienne. Il avait comme tâche d’attaquer la côte et de perturber le transport maritime espagnol. Dragut commença sa croisière avec la capture de cinq galères vénitiennes au large de l’île de Paxos près de Corfou.
En réponse à la menace ottomane, Andrea Doria, le grand-amiral de Charles V, rassembla une flotte de près de 80 galères dans le port de Messine pour éliminer les corsaires ottomans de la Méditerranée occidentale. Divisée en cinq escadres, ces galères patrouillaient dans différentes régions.
Giannetino Doria neveu de Andrea surveillait la Corse et la Sardaigne avec 21 de ces galères. Et c’est lui qui trouva la piste de Dragut. Celui-ci avait attaqué l’île de Capraia (au large de Bastia) et des pêcheurs qui avaient fui les ottomans prévinrent Doria que Dragut avait fait voile vers le Cap corse et, plus tard, après avoir ravagé le village de Lumiu, que son escadre était ancrée dans le golfe de Girolata
L’escadron ottoman y avait mis l’ancre pour faire le partage du butin du razzia récent. Dragut avait choisi cet endroit parce qu’il était désert, loin des routes habituelles de navigation. Tranquille ou imprudent, il n’avait posté aucun navire comme garde à l’entrée du golfe. Arrivant à proximité, Gianettino Doria envoya son parent Giorgio Doria dans le golfe avec 6 galères et une petite frégate, afin d’identifier les galères qui y étaient ancrées
Le combat fut engagé le 15 juin 1540. Les avis diffèrent sur son déroulement. Selon certains historiens, les marins et soldats ottomans étaient à terre, endormis sous les arbres ou prenant un repas, lorsque l’arrivée des galères chrétiennes les prirent par surprise. Selon de La Gravière, 600 ottomans fuirent vers les montagnes environnantes, avant même que la bataille ait vraiment commencé, et Dragut eut à peine eut le temps de s’embarquer et de faire feu une seule fois, avant que les génois et les espagnols soient montés à bord de ses navires. Dès les premiers coups de feu, beaucoup de ses hommes, turcs ou chrétiens renégats, avaient sauté à la mer pour s’échapper vers l’intérieur de l’île. Alberto Guglielmotti donne un compte rendu plus détaillé de la bataille avec des mouvements de Dragut qui engagea le combat en pensant être en supériorité numérique mais qui tomba sur les navires qui attendaient à l’extérieur du golfe. Un seul coup de canon endommagea tellement le navire amiral de Dragut que le combat cessa.
La flotte chrétienne captura les 11 galères ottomanes, fit prisonniers 1 200 ottomans et libéré 1 200 galériens chrétiens. Dragut fut parmi les prisonniers ottomans et réduit à ramer dans une galère. Libéré après versement d’une rançon par Barberousse il continua ses aventures s’en s’alliant avec le corsaire Euldj Ali pour constituer une gigantesque armada et prendre sa revanche. Mais, ceci est une autre histoire. Par contre, j’ai pu lire que les marins turcs s’étaient échappés (on ne disait pas au maquis à l’époque mais à la forêt, à la « selva) et que la population les aurait capturés, ramenant des oreilles et des nez, comme preuve de ces captures. Même si je suis un peu sceptique, est-ce qu’il ne faut pas voir là l’explication du nom « col des maures » « bocca di i mori »? Un peu loin de Girulata mais la peur donne des ailes. Alors pourquoi pas?

PS.. le blog que vous parcourez, fait partie d’un site dédié à l’apprentissage de la langue corse. Si vous voulez le découvrir, cliquez sur l’image ci-dessous…

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